Un lieu d’histoire
L’Avenue de la Grange est l’allée qui conduisait autrefois au parc du château. Elle servait au départ des chasses vers la forêt de Sénart : « Dès le milieu du XVIIIe siècle, cette allée majestueuse présente la forme que nous lui connaissons aujourd’hui : délimitée par une double rangée d’arbres, sa pelouse centrale s’étend sur 1400 m, suivant une perspective très soignée. Royale et seigneuriale, cette avenue renforce l’importance de Montgeron dans le dispositif des chasses royales… ». Elle est une des rares allées de ce type à avoir conservé son aspect d’origine.
En tant que promenade « façonnée » au XVIIIème siècle, répondant à un idéal « classique », elle ne présente pas d’éléments pittoresques particuliers, elle peut même sembler très proche d’un état de « nature », ce qui est loin d’être le cas.
En tant que promenade plantée, dans une zone résidentielle, l’Allée offre un échantillonnage de l’évolution architecturale de l’habitat depuis les années 1900 jusqu’à aujourd’hui, elle témoigne de l’urbanisme de lotissement naissant. En arpentant l’avenue de la Grange on peut découvrir des exemples de l’architecture de villégiature de la belle Epoque, de l’Art déco, des pavillons Berval des années 60, jusqu’aux constructions en bois d’aujourd’hui. Sans parler des clôtures qui offrent des exemples rares de barrières en ciment armé de l’après guerre.
Une vocation citadine
L’espace utilisé quotidiennement par des promeneurs, piétons ou cyclistes, des sportifs, des passants suivants deux axes, nord-sud en direction du lycée, est-ouest en direction de la gare, des groupes de tous âges autour des bancs, concerne toutes les catégories de Montgeronnais.
Comme de nombreuses allées plantées du XVIIe ou XVIIIe siècle, l’Avenue de la Grange propose une « nature » domestiquée, contrôlée, qui s’insère en douceur dans le cadre urbain et propose à la population qui l’utilise, le confort qu’un citadin peut attendre d’un lieu de promenade et de loisir.
Un patrimoine bâti et paysager remarquable
La Pelouse jouit d’un statut patrimonial particulier voulu par la famille de la Grange, puisqu’elle a été achetée par la ville avec un cahier des charges contraignant qui constitue une sorte de contrat moral pour les municipalités successives. Son entretien est à la charge de la commune, il doit servir à conserver l’avenue dans son état d’origine, sans en changer la physionomie ni la destination. L’avenue ne peut être considérée comme une voie publique incorporable à la voirie municipale, la création de voies transversales est en conséquence interdite et la circulation uniquement réservée aux piétons.
Un patrimoine « vivant » et fragile
Située au cœur de la ville, la Pelouse est nécessairement confrontée aux « conséquences de l’urbanisation sur l’environnement ». Elle n’est pas la forêt de Sénart, pas plus que ses chemins n’ont vocation à se transformer en piste cyclable, ou qu’elle ne peut être assimilée à un simple parc urbain. Elle ne peut pas davantage être considérée comme une simple enclave verte au milieu d’un quartier pavillonnaire.
Il est nécessaire de « penser » la place et la fonction de la Pelouse pour ses utilisateurs et ses riverains, en fonction de l’évolution prévisible de l’environnement citadin, dans les années à venir.
Comment maintenir l’équilibre entre le renouvellement urbain, l’utilisation économe des espaces naturels, la protection des sites-milieux-paysages naturels, la sauvegarde des ensembles urbains et du patrimoine bâti remarquable ?
En effet, on peut simultanément garantir la protection de la Pelouse comme espace vert, et remettre en cause son cahier des charges en décrétant qu’elle doit être un espace de circulation douce. Porte ouverte à tous les arrangements avec les cyclistes qui n’acceptent pas de quitter un réseau de pistes goudronnées pour des chemins de terre, sans parler des rollers, trottinettes et autres modes de glisse, ou avec les piétons qui ne veulent pas se salir les pieds…